Login

Dégâts de gibier : les racines du dérapa Dégâts de gibier : les racines du dérapage

Le zéro dégât n'existe pas mais les agriculteurs veulent être respectés. La pression peut baisser avec des solutions locales et à condition de se parler.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Depuis les années 2000, les indemnisations liées aux dégâts de grand gibier explosent, avec un pic en 2010-2011 à 38 millions d'euros (voir ci-contre). Le sanglier totalise 85 % du montant des indemnités et seules 10 % des communes concentrent 75 % de l'enveloppe. La carte des points noirs, secteurs géographiques aux dégâts importants et récurrents, est attendue depuis le plan de maîtrise du sanglier de 2009. Elle tarde à venir car, sur place, il faut se mettre d'accord sur le mode d'évaluation. Or, si dans la plupart des départements, y compris dans certaines zones à gros dégâts, chasseurs et agriculteurs parviennent tant bien que mal à discuter, il reste des points névralgiques où le dialogue est totalement rompu.

QUATRE CAUSES DE TENSION

Plusieurs départements sont cités par tous les protagonistes, avec en tête la Côte-d'Or, le Var, l'Ardèche, la Drôme et le Loir-et-Cher. « Ceux qui subissent de gros dégâts ne sont pas ceux qui posent le plus de problèmes. Tout dépend des relations entre chasseurs et agriculteurs », souligne Benoît Guibert, responsable des dégâts de gibier à la Fédération nationale de la chasse.

Thierry Chalmin, agriculteur en Haute-Saône et responsable de ce dossier à la FNSEA, relève quatre causes de tensions. Elles s'exacerbent autour des cultures à forte valeur ajoutée (vignes, melons, arboriculture...). Ensuite, dans certains territoires escarpés (Var, Ardèche, Drôme), la pression s'allège faute de chasseurs et les animaux prolifèrent : « Les sangliers recherchent la tranquillité avant même la nourriture. Ils se réfugient dans les propriétés privées interdites à la chasse, les réserves naturelles... » Même constat lorsque le nombre de chasseurs faiblit : « On trouve des points noirs y compris dans le périurbain peu chassé », souligne Benoît Guibert.

FORMER LES JEUNES

Enfin, dans certains départements comme en Côte-d'Or, les chasses commerciales se développent au-delà du raisonnable : « Les gérants veulent que leurs actionnaires repartent avec un beau tableau. Il faut donc leur garantir des animaux au bout de leur fusil, explique Thierry Chalmin. Les chasseurs qui vivent sur le terrain se préoccupent davantage des relations avec le voisinage. » Ils ont conscience des dégâts.

Thierry Chalmin est également président d'une Acca (Association communale de chasse agréée) : « Aujourd'hui, pour enrayer le manque d'agriculteurs-chasseurs, la Fédération de chasse du Maine-et-Loire a mis au point une formation dédiée aux jeunes. Encore faut-il qu'ils trouvent le temps de chasser. » Il plaide pour une sereine cohabitation : « Le zéro dégât n'a jamais existé. Aux protagonistes de voir combien ils peuvent en supporter. Nous ne voulons pas bannir la chasse mais, si nos terres sont un terrain de jeu pour les chasseurs, elles sont avant tout le support de notre activité économique. Il y a quelques années, dans mon département, il y a eu des dérapages. Le préfet est intervenu et a demandé aux chasseurs de prélever également des femelles en âge de procréer. »

« Rien ne vaut la solution locale », conclut Thierry Chalmin. Les structures nationales devront vite se pencher sur les départements à problèmes pour rétablir le dialogue et redonner confiance aux agriculteurs.

[summary id = "10022"]

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement